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Récit parcours ardéchoise 2002
22 juin 2002

Mon Ardéchoise 2002 🥵

Je dédie ce récit

à tous ceux
qui doutent !!!

Saint Félicien en Ardèche.
Il est 8h 16 ce samedi 22 juin 2002 ...

IMGP1941

... sûr de moi, avec déjà 6500 Km dans les jambes, depuis le début de l'année,
 je m’élance sur le parcours de

 l’Ardéchoise 216 Km ...

Carte_Ardechoise

 💫

Km 73: 
 Arrivé au ravitaillement de
Mézilhac en 2H58
avec une confortable avance de 30 minutes
par rapport au tableau de marche que j’avais établi, 

je me ravitaille, remplis mes bidons
et plonge sur Antraigues.

Au début, je doute un peu,
car j’ai l’impression d’être tout seul sur cette route.

Rattrapé par un autre participant,
nous faisons la rapide descente en nous relayant.

En arrivant, aux environs de midi à
Antraigues ,
il fait déjà très chaud. 🥵

 La différence de température,
entre Mézilhac et ce trou surchauffé, est énorme !


Km 88: 
  Dans la montée du col d’Aizac , je coince un peu.
Équipé d’un triple plateau,
je mets tout à gauche :
30/23 
... cela devrait faire l’affaire.


Malheureusement,
la chaîne changée quelques jours avant l’épreuve,

n’accroche pas sur le petit plateau !
Après plusieurs tentatives,
je dois me rendre à l’évidence :


" Il me faut terminer
le reste du parcours en utilisant
le 42/23 "

Dure, dure ...  cette courte mais rude ascension !

Ses pourcentages élevés et la chaleur étouffante qui y règne
laissent des traces dans mon organisme !

Je commence à douter !!!!!

Km 105: 
 Pointant au contrôle intermédiaire
de Burzet en 4H28
(j’avais prévu 5H)

il est 12H45 et la chaleur y est de plus en plus intense.

La galère commence pour moi !

" La montée de la Barricaude ,
dans la fournaise , est un véritable supplice "

J’avais croisé le diable monté sur un Quad
dans l'ascension du col d’Aizac

il souhaitait, aux participants,
la bienvenue en enfer !!!


Là , j’y suis véritablement,
la chaleur est torride, suffocante, l’ombre y est rare.
Le braquet 42/23, que j’utilise,
est vraiment inadapté pour moi.

Je m’accroche tant bien que mal,
essayant de progresser à l’ombre lorsqu’il y en a.

Je transpire abondamment,
mon maillot et mon cuissard
sont pareils à une éponge gorgée d'eau.

🤢🤢


Km 117:
  A 2 Km du sommet de la Barricaude,
épuisé et déshydraté,
je m’arrête, sur la gauche de la route,
près de la cascade de "La Brousse"


Descendu de vélo, je fais deux pas,
puis soudain tout devient blanc, je vacille .
..

je me sens défaillir !

Dans un réflexe, je m’appuie contre mon vélo,
en essayant de récupérer un peu.

Ayant repris mes esprits,
je m’assieds à l'ombre contre un rocher,

pendant que des cyclos s’ébrouent
dans l’eau de la cascade.


Dix minutes plus tard, je me remets en selle.

Km 123:
   Arrivé au ravitaillement de Sagnes en 6h 16
(6H25 de prévu),

la galère continue, car plus rien ne passe,

vidé ... je n’arrive plus à manger ,
à peine à boire
,
!!!


Reparti à 14H45 à bout de force,
le moral est au plus bas
car il me reste près de  100 km à faire.

💯


La courte ascension, qui mène au carrefour du Gerbier de Jonc,
"avec ce tas de cailloux, en point de mire, qui semble me narguer"
 sous cette chaleur de 38° relevés à 1400 mètres d' altitude,
est très éprouvante. ce sera un véritable supplice ... !!


Km 132:
  Parvenu à son sommet, et
trop pressé d’en finir,
je ne m’arrête pas, pensant que
dans la longue descente qui conduit à
  Saint Martin de Valamas
je vais pouvoir récupérer un peu
et surtout soulager mes douleurs.

En fait il n'en est rien c'est un transfert de douleurs
car j’ai mal partout !

😩😩

J’ai du mal à rester assis sur la selle.
Si je me dresse sur les pédales pour soulager
mes fesses
c’est aux pieds que je ressens les douleurs.

J’ai mal dans les poignets,
dans les genoux, dans les épaules,
 mes mains sont endolories, ma nuque est raide.


La montée à St Agrève me paraît une éternité.

📈


Km 171:
   Arrivé au ravitaillement à 17h 30
( soit en 9H 13 alors que j’avais prévu 8H40 )
Je me réapprovisionne en eau.
Du moins, je le crois car je n’ai plus tous mes esprits.

Reparti avec ma souffrance et avant de franchir
Clavière
quelques kilomètres plus loin
je saisis ma gourde . .  elle est vide !

Je ne comprends pas pourquoi ?
Un peu plus tard . . .
  je me souviens que j’ai deux gourdes,

... dont une seulement est remplie !

Km 188:
   
Dans la descente de Malleval,
qui précède la montée à
 Rochepaule
mon corps entier n’est plus que souffrance,
des pensées morbides m’envahissent l’esprit,


je suis pris d’envies suicidaires ... !!!

J’envisage de ne plus négocier les virages
et d’aller tout droit.
L’instinct de survie, fort heureusement,
reprend à chaque fois le dessus.


J’ai, de plus en plus, l’inquiétude
et l'angoisse de la sévère ascension du

Col du Buisson
 et le passage annoncé à 15%.

Km 197:
  
Alors que je ne suis plus qu’un zombie.
je le gravis pourtant ce maudit col,
sans mettre le pied à terre,


Le plus difficile à négocier,
seront les passages qui suivent ces 15%

cela me paraîtra une éternité et
ils m'achèveront presque totalement !

Beaucoup de cyclistes sont encore
allongés sur le bord de la route.

Sont-ils plus mal que moi ?
.
Je suis tellement recroquevillé sur mon vélo
que ma condition physique ne trompe personne.
(Photo ci-dessous peu avant le sommet)


Guy dans le col du Buisson_2002

Quelques rares cyclos,
en me dépassant,m’encouragent …
Quel réconfort !
Je n'ai même plus la force de leur répondre.
(Avec mes excuses tardives  " Merci à vous")


Soudain, je délire
me
voyant  tronçonner mon vélo
et brûler mes habits de cycliste !

🔥🔥


Km 215:
 
 
A un kilomètre de l’arrivée
une grand-mère, assise sur le bord de la route,

me sort de ma torpeur
en m’encourageant avec ces quelques paroles:

‘’ Bravo !! C’est bientôt la fin ‘’

Elle ne croit pas si bien dire !!!

Puis, c’est l’arrivée libératrice,
quel soulagement,

il est 20H 01.


J’ai une heure de retard sur le programme prévu.
Malgré ce que j’ai enduré, je me sens heureux.

Oui, je suis heureux !

Heureux
  ... d’être parvenu au bout de mon parcours !
Heureux   ... d’avoir surmonté mes intenses douleurs.

Heureux tout simplement
…d'être encore ... en vie
!

 

Parcours Ardéchoise 216 Km
Jamais, je n’ai été aussi mal sur un vélo,
 surtout sur plus de 100 km.
Où suis-je allé puiser,
pour trouver cette force, et cette ultime énergie ?

diplome_2002_2

Ce jour là, j’ai repoussé mes limites bien au-delà
de ce que je pouvais imaginer… !

***

Une dernière anecdote :

Mon obsession était d'arriver à l'heure prévue (19h00)
pour retrouver mes deux copains
Claude et Jacques

😇.   😇
qui s'étaient élancés sur le parcours
des 170 Km de la Volcanique.

Lorsque j'ai rejoint l'endroit
où était garée  la voiture à environ 4 Km sur la D234 ,
je suis passé a coté sans la voir,
ce n'est que lorsque.que je suis arrivé au carrefour suivant,
 un bon kilomètre plus haut, que j'ai réalisé ma bévue.
Après y  avoir fait demi-tour,
j'ai enfin retrouvé Claude & Jacques qui venaient tout juste d'arriver.
Des brindilles d'herbe au dos de leur maillot témoignaient
de leurs repos sur le bord de la chaussée,
leur état physique respectif étant proche du mien !

Ce n'est pas sadique de ma part,

👍

mais je me suis senti moins seul dans ma détresse !

 

Cordialement 

A tous ceux qui doutent !!!


Guy

./.

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Commentaires
P
un seul mot BRAVO <br /> <br /> Bravo au forca de la route <br /> je connais ses routes qui n'en finissent plus de monter et le soleil quidardes ses rayons sur le corps endolorie par l'effort pour les avoir faites non pas en velo mais a pieds avec un sac sur le dos <br /> en lisant ton recit je te voyais gravis les cols juché sur ton destrier <br /> merci pour tes commentaires sur cette epreuve que je vais certainement faire pour la premiere fois cette année
D
Vraiment bravo pour cet exploit !<br /> Je vais faire ma première Ardechoise et je me posais des questions sur le developpement à utiliser.<br /> Je pense que mon 42*29 devrait suffir pour surmonter les obstacles.<br /> Merci pour vos informations précieuses et felicitations pour votre performance.
B
Bravo pour votre courage.<br /> <br /> J'ai effectué l'ardéchoise cette année est je doit le dire nous n'avons pas souffert de la chaleur, quelle chance!! <br /> <br /> Bonne continuation a vous,<br /> <br /> Vélocypèdiquement,
B
Oui, cela me rappelle des expériences maintenant lointaines mais qui pourraient soudain revenir. En 1960 j'ai fait une tuberculose à 16 ans. Un an au lit avec des médicaments...7 ans plus tard en janvier 1967 je commençais le vélo puis dès juillet, l'Izoard, le Galibier...quelques souffrances pour se reconstruire...<br /> L'an dernier à 63 ans j'ai fait sans aucune peine 6500 mètres de dénivelé dans la journée. Le vélo, il m'a appris beaucoup et je lui dois beaucoup. merci pour ce témoignage.<br /> bernard
F
Bravo!<br /> Je suis d'autant plus sensible à ce récit que j'ai souffert à peu près la même chose il y a 2 semaines dans la Lyon-Mont-Blanc.<br /> J'ai reconnu les symptomes du coup de chaleur, les vertiges, le fait de ne plus pouvoir s'alimenter ni boire...<br /> Mais j'ai eu de la chance dans mon malheur: mon petit plateau fonctionnait,lui, et j'ai pu finir de grimper le col de l'Arpetaz en moulinant.<br /> Le vélo, c'est l'école du courage et de l'humilité!<br /> <br /> Cordialement,<br /> fred
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